La Ville de Saint-Jean-de-Luz reçoit l’exposition de photographies de Séverine Dabadie intitulée « Laxoa, aux origines de la pelote basque », du 15 septembre au 9 octobre 2022, à la Villa Ducontenia. La photographe a répondu à 3 questions explicitant sa démarche d’artiste. Rencontre.
Pourquoi ces clichés autour du laxoa ?
Je suis photographe et c’est donc tout d’abord l’aspect esthétique du jeu, la beauté de sa gestuelle qui ont capté toute mon attention, un été de 2007, sur le fronton de Ciboure : les mouvements amples, denses et francs de deux équipes qui s’opposent dans un face-à-face presque chorégraphique. Dans ces conditions-là, le fronton devient alors un terrain de jeu magnifique pour la photographe que je suis. Puis c’est sa valeur patrimoniale et son histoire qui m’ont attirée. Le laxoa est la modalité de pelote basque la plus ancienne. Il en est l’ancêtre, le maillon qui relie la pelote basque que l’on connaît aujourd’hui au jeu de paume bien plus ancien mais dont sont issues toutes les formes de pelote basque comme son cousin le tennis. Ce jeu fut également joué en estives par nos bergers sous la forme du bota luze. De ce côté des Pyrénées, le laxoa est presque oublié, injustement délaissé au profit des autres modalités. Il ne doit sa fragile survie qu’à quelques passionnés d’excellent niveau de la vallée du Baztan (Navarre) réunis autour de Laxoa Elkartea et de son instigateur Tiburcio Arraztoa, grand érudit du monde de la pelote. Le Baztan est le foyer le plus vivace du laxoa.
À Saint-Jean-de-Luz, nous avions, à l’époque, en la personne d’Ander Ugarte, patron de l’entreprise Punpa (fabricant de pelote), l’unique artisan capable de façonner ces gants de cuir, il était le seul à détenir ce savoir-faire. Chaque année, de Pâques à début août, a lieu un tournoi qui fait vivre le laxoa et anime de façon magnifique les frontons de la vallée et ces splendides villages. Tous les étés, à Ciboure, on peut assister à une partie jouée entre l’équipe du club luzien Luzean et celle du Baztan, Laxoa Elkartea.
En résumé, sa valeur esthétique, patrimoniale et sa fragilité m’ont donné l’envie de mieux le faire connaître afin de sensibiliser le public. Le laxoa, c’est la pelote des origines à l’état pur ! Ce n’est certes pas aujourd’hui la forme la plus populaire des jeux de pelote mais résonnent dans ces joutes non seulement l’écho de ces balles que l’on renvoie sans cesse mais également l’écho de notre passé et de ces défis ancestraux.
Quelle période couvre ces photographies ?
L’exposition couvre une période s’étalant de 2007 à 2011. Puis, en 2011, j’ai publié un livre de photographies trilingue (euskara-français-espagnol) avec Christiane Etchezaharreta édité chez La Cheminante. J’ai bien évidemment continué avec plus ou moins de régularité à couvrir quelques parties jouées dans le Baztan puis d’autres disciplines telles que le rebot ou la pelote à main nue dans certains trinquets. La pelote est un des sujets qui m’intéressent mais non pas le seul… Je m’intéresse, entre autres thématiques, au patrimoine immatériel du Pays Basque en général et aux sujets que les assauts de la modernité semblent mettre en danger.
Cette exposition est itinérante. Quel a été son parcours ?
Cette exposition a été produite par le Conseil Départemental 64 et le Centre d’Education au Patrimoine Ospitalea d’Irissary. Elle a drainé un public venu nombreux durant l’été 2020 à Ospitalea puis durant l’été 2021 à l’Espace Chemins-Bideak de Saint-Palais. Elle prendra certainement bientôt la route pour être montrée dans le Baztan au cœur de la vallée qui fait vivre le laxoa.
« Laxoa, aux origines de la pelote basque » présente le laxoa autour de 3 thèmes : son histoire, ses règles et ses objets, le tout illustré par 55 clichés de la photographe Séverine Dabadie.
L’exposition est à retrouver à la Villa Ducontenia du 15 septembre au 9 octobre.
Entrée libre du mercredi au dimanche 14:30>19:00 et le samedi 10:00>12:30 – 14:30>19:00.