Depuis le printemps 2021, Collecte & Compost récupère les biodéchets de restaurants luziens et cibouriens pour les transformer en compost. La ville de Saint-Jean-de-Luz soutient cette initiative locale.
Née de la rencontre de Matthieu Haslé et Pierre Koch à l’automne 2020, l’association Collecte & Compost propose aux restaurateurs de s’engager dans une démarche éthique. La raison d’être de cette association est de « rendre à la terre une partie de ce qu’elle nous a donné », comme le résume Matthieu. Pour cela, les deux protagonistes ont imaginé collecter les biodéchets des professionnels, en commençant par les restaurants, pour les transformer en compost.
Du biodéchet au compost
Pierre et Matthieu effectuent une tournée des établissements partenaires tous les mercredis et samedis matins. Les biodéchets – épluchures, restes d’aliments, etc. – sont transportés sur un terrain de proximité obtenu par l’intermédiaire de la ville et du golf de Chantaco. Ils y sont déposés en tas, à même le sol. Les déchets organiques azotés, qui constitueront les deux-tiers du produit final, sont mélangés à un tiers de matière carbonée (broyat de bois, feuilles mortes, etc.). Ils seront du compost au bout de 9 mois, temps nécessaire à cette transformation grâce à l’action des bactéries et des organismes vivants comme les vers de terre, les cloportes. « Là, c’est la faune souterraine qui fait le travail », indique Matthieu.
L’intégralité des biodéchets sont recueillis sauf les huiles de cuisson, les coquilles et coquillages. Vaisselle et contenants, même dits « compostables » sont refusés, leur durée de décomposition étant trop longue. Des actions et contrôles garantissent la confection du compost : la température à cœur du tas doit s’élever à 70°C les premiers jours avant de diminuer ensuite, la texture doit être surveillée, notamment l’humidité. Le tas ou andain doit être retourné une fois par mois afin de l’aérer. Pour mener à bien cette entreprise, Pierre a suivi une formation de guide-composteur en Dordogne.
La première collecte a eu lieu le 4 mars 2021 avec 9 kilos de déchets recueillis au restaurant luzien Le komptoir des amis. En octobre 2021, l’association comptait 4,7 tonnes de déchets collectés avec 11 restaurants partenaires. Les professionnels ont intégré le dispositif grâce au bouche-à-oreille et à la mise en lumière sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram. Ils adhèrent à l’association pour un montant moyen de 40 € par mois. Le tarif est établi selon une part fixe (tarif par passage) et une part variable (quantité de déchets collectés). Aujourd’hui, l’association qui a pu démarrer son activité à partir des fonds propres de Matthieu et de Pierre et d’une aide de l’ADEME pour financer une partie de l’équipement, dispose d’un terrain et de matériel. Elle recherche à présent un local ou un container afin de stocker et entretenir ses biens.
Pour Matthieu et Pierre, émettre le moins de carbone possible dans leur activité constitue un axe majeur : les tournées s’effectuent en vélo électrique auquel est adossée une remorque, cela, même pour transporter de grosses quantités, et le tas de biodéchets est retourné avec des fourches manuelles. « L’idée est de promouvoir une logistique décarbonée, à faible nuisance, adaptée aux centres urbains », précise Pierre.
Lorsqu’il sera arrivé à maturité, le compost pourra être utilisé pour amender des terres agricoles, de maraichers ou de particuliers… S’il est destiné à la vente, il devra être normé. L’association réfléchit à des lieux de vente comme les lieux de collecte, les épiceries participatives, les pépinières… Tout comme à l’emploi de salariés pour assurer le ramassage des biodéchets…
À partir du 1er janvier 2024, c’est l’ensemble des biodéchets des professionnels comme ceux de particuliers et des huiles usagées qui devra faire l’objet d’une collecte séparée pour être valorisé. Les établissements qui sont entrés dans ce type de dispositif avant l’obligation auront déjà intégré cette dimension dans leurs pratiques.