Cette fin de semaine, le Pays d’art et d’histoire invite à une découverte virtuelle et historique du grand orgue de tribune de Saint-Jean-de-Luz, joyau de l’église Saint-Jean-Baptiste.
Apparu au IIIe siècle avant JC, l’orgue, instrument profane à l’origine, se généralise peu à peu dans les églises et cathédrales dès le Moyen âge et s’adapte aux progrès techniques au fil des siècles.
Les orgues se composent de 2 parties distinctes :
- Le buffet, le meuble dans lequel est placé l’orgue ;
- L’instrument constitué de la console (claviers et pédalier) et de sommiers, tuyaux et soufflerie.
Une œuvre d’ébénisterie : le buffet d’orgue
De facture classique française, le buffet en bois sculpté du grand orgue de Saint-Jean-de-Luz, classé au titre des Monuments Historiques depuis 1908 se compose de deux meubles distincts : le positif, petit meuble en avant de la tribune ajouté au XVIIIe siècle, et en retrait le grand corps, dont une partie s’étend dans les premières et deuxièmes galeries depuis le XIXe siècle.
Frises et motifs végétaux ponctuent corniches, claires-voies et tribune. Tourelles arrondies et plates-faces abritant les tuyaux rythment les façades. Au centre, une statue du Christ datant du XVIIIe siècle surplombe le grand buffet. Elle représente l’Enfant-Jésus habillé d’un pagne long à fleurs de lys levant la main droite en signe de bénédiction et soutenant un globe surmonté d’une croix (crucigère) de sa main gauche.
La décoration du grand corps se distingue par des atlantes aux visages angéliques qui soutiennent les tourelles latérales et quatre aigles ouvragés ornant les claires-voies. Sur les tourelles du positif, deux mascarons scrutent le maitre-autel.
Un instrument profondément remanié
Les premières mentions d’un orgue dans l’église de Saint-Jean-de-Luz datent du XVIIe siècle. En effet, en 1659, l’instrument étant dans un piteux état, les notables luziens font appel à Gérard Brunel, facteur d’orgues, originaire de Rodez, afin de construire un nouvel orgue de 13 jeux et 2 claviers dans le buffet existant. En plus de sa rétribution de 2500 livres tournois, la municipalité dut lui fournir un logis équipé en mobilier, accessoires et linge de maison.
Dès 1709, après les travaux d’agrandissement de l’église, la réfection des galeries et du clocher, l’instrument est plusieurs fois transformé et restauré par des facteurs d’orgues réputés ; parmi eux, les frères Lépine installés à Bordeaux puis à Toulouse, Jean-Baptiste Micot considéré comme l’un des plus habiles facteurs français de son époque ou encore François Mauroumec collaborateur de François de Bedos de Celles, organier célèbre et moine bénédictin.
Probablement très abimé après les guerres de la Révolution et de l’Empire, un orgue plus petit est reconstruit en 1837 par le facteur d’orgues navarrais Manuel Amezua, passant ainsi de 28 à 15 jeux et d’esthétique ibérique. Puis cet instrument est remplacé par un orgue symphonique plus important de la maison Georges Wenner de Bordeaux en 1875.
Après avoir été plusieurs fois retouché, il est finalement profondément modifié en 1980 par Robert Chauvin, facteur d’orgues à Dax. Il compte aujourd’hui 47 jeux, 3 claviers et plus de 3000 tuyaux dont le plus long dépasse cinq mètres.
Une restauration prévue en 2021 et une souscription lancée
Malgré un entretien régulier, l’instrument a vieilli. Aussi, pour le sauvegarder, la ville de Saint-Jean-de-Luz a lancé une grande opération de rénovation. Les travaux doivent débuter durant le second semestre 2021. Outre le soutien des partenaires institutionnels (collectivités, Etat…), la ville s’est associée à la Fondation du Patrimoine pour ouvrir une souscription, à hauteur de 150 000€, auprès des particuliers et des entreprises afin de leur permettre de participer au financement des travaux de restauration.
Les dons peuvent être versés
- en ligne sur le site www.fondation-patrimoine.org/61659
- par chèque avec le bulletin de souscription à adresser à : Fondation du patrimoine Aquitaine – 7 rue Fénelon – 33000 Bordeaux
Ils ouvrent droit à :
- une déduction fiscale prévue par la loi pour les particuliers et les entreprises : déductibles des impôts sur le revenu, sur la fortune immobilière et sur les sociétés.
- des contreparties, selon le montant des dons : visites privées du chantier lors de la phase de remontage de l’orgue, invitations aux concerts, mention des mécènes