Après une publication sur l’information donnée en temps réel pour connaitre la qualité des eaux de baignade grâce à l’application kalilo et un mode de gestion spécifique, voici un zoom sur les idées reçues détaillées par la Communauté d’agglomération Pays basque.
Le traitement des eaux usées et la préservation de la qualité de l’eau sont des défis majeurs pour le territoire.
Si sur le terrain les choses changent positivement, rares sont les citoyens qui partagent ce constat. Des images choc, des fausses informations ou des vieilles croyances renvoient une vision déformée de la réalité.
La communauté Pays basque a voulu répondre aux préjugés :
Idée-reçue n°1 : au Pays basque, les égouts débordent dans l’océan
Oui, il peut arriver localement que certains réseaux de collecte débordent mais ces événements restent rares et n’arrivent pas qu’au Pays Basque ! Dans les faits, que se passe-t-il ? Lorsque les stations d’épuration ne peuvent pas gérer les masses d’eau qui se déversent dans le réseau (comme ce peut être le cas lors de fortes pluies), l’eau est d’abord renvoyée vers des bassins tampon. Il en existe 139 sur le territoire. Certains ouvrages, comme sous la grande plage de Biarritz, peuvent contenir jusqu’à 10 000 m3 d’eau, l’équivalent de plus de 5 piscines olympiques. Ce n’est que lorsque la capacité de stockage des bassins est dépassée que des déversements ont lieu. Mais l’eau qui est rejetée dans le milieu naturel n’est pas celle de nos toilettes ! C’est une eau diluée qui ne contient qu’une infime concentration de polluants. Pour 1000 litres d’eau rejetés, 1 litre seulement contient de l’eau usée.
Idée-reçue n°2 : il faut construire plus de bassins !
Non, construire toujours plus de bassins ne peut pas être pas la seule réponse. Sous l’effet du changement climatique, le Pays Basque va devoir gérer des épisodes pluvieux plus fréquents et plus intenses. Ce qu’il faut limiter, c’est le ruissellement des pluies qui charrie vers les cours d’eau et l’océan les polluants et déchets qui se trouvent sur les routes ou sur les terres. La stratégie aujourd’hui poursuivie consiste à faciliter l’infiltration de la goutte d’eau au plus près de là où elle tombe. Cela suppose de revoir en profondeur l’urbanisme de nos villes en revégétalisant partout où c’est possible mais aussi de défendre des pratiques agroécologiques qui préservent la capacité d’absorption des sols. Au Pays Basque, de nombreuses communes suivent cette voie et imposent, par exemple, des règles de compensation aux nouvelles constructions pour la perte des terrains artificialisés.
Idée-reçue n°3 : les stations d’épuration sont obsolètes
Non, la quasi-totalité de nos stations sont parfaitement conformes et largement dimensionnées pour traiter les eaux usées, même en saison estivale. Seuls 3 équipements, sur les 117 que compte l’agglomération, sont aujourd’hui concernés par des non-conformités européennes. Pour ces 3 ouvrages, la mise aux normes est soit déjà largement engagée (Mauléon, Saint-Jean-de-Luz), soit terminée (Bassussary). La Communauté Pays Basque conduit, par ailleurs, un vaste programme de modernisation sur plus d’une vingtaine d’installations afin d’adapter les capacités de traitement à l’augmentation de la population prévue dans les prochaines décennies et d’améliorer les performances de traitements, en particulier sur l’azote ou le phosphore. Des investissements très importants sont également consacrés à la rénovation des réseaux de collecte et à la création de bassin de stockage en amont des stations afin d’éviter des déversements par temps de pluie. Les stations d’épuration sont des ouvrages sensibles qui sont particulièrement surveillés. Il y a d’abord une auto-surveillance des équipements assurée en continu par la Communauté Pays Basque mais aussi des inspections régulières réalisées par les services de l’Etat. La qualité des eaux usées traitées rejetées par les stations est elle-aussi analysée en permanence. Ces informations n’ont rien de confidentiel. Chacun peut y accéder via le portail national de l’assainissement collectif.
Idée-reçue n°4 : la qualité des eaux de baignade se dégrade chaque année
Non, les eaux de baignade du Pays Basque sont toutes classées en bonne ou excellente qualité depuis près de 20 ans par l’Agence Régionale de Santé. Dans le même temps, la règlementation n’a cessé de se renforcer en France et en Europe. Les eaux dans lesquelles nous nous baignions aujourd’hui sont de bien meilleure qualité que par le passé. Pour le territoire, l’enjeu est majeur. En été, 200 000 baigneurs fréquentent chaque jour les plages du Pays Basque. Pour prévenir tout risque sanitaire, la Communauté Pays Basque a mis en place son propre réseau de surveillance. De mi-mai à fin septembre (et toute l’année désormais à Biarritz et Anglet), elle contrôle en continu la qualité de l’eau de 34 plages du littoral et du lac de Saint-Pée-sur-Nivelle. Grâce aux données des échantillons prélevés sur les sites de baignade et un système de modélisation numérique, elle peut prédire les risques de pollution sur le littoral basque et avertir les maires pour qu’ils interdisent la baignade. Dans les faits, ces situations sont exceptionnelles. Sur toute la saison 2023, les plages sont restées ouvertes 95% du temps.
Idée-reçue n°5 : la baignade peut me rendre malade
Oui, la présence de certaines bactéries dans les eaux de baignade peut causer des problèmes de santé. Dans les analyses de l’eau, deux micro-organismes (Escherichia coli et Entérocoque) sont particulièrement visés, non pas pour leur effet direct sur la santé (elles sont relativement bénignes) mais parce qu’elles servent de marqueurs pour d’autres bactéries plus dangereuses, comme des staphylocoques ou des streptocoques.
Avec le changement du climat et le réchauffement des eaux de surface, on voit aussi apparaître aujourd’hui des phénomènes nouveaux sur la côte basque. C’est le cas, par exemple, de la microalgue Ostreopsis qui s’est fortement développée à l’été 2021 et a provoqué de nombreuses affections. Dans tous les cas de figure, le principe de précaution prévaut. Si un risque sanitaire est avéré, la fermeture des zones de bain est automatiquement décidée.
Idée-reçue n°6 : rien n’est fait contre les micro-polluants
Non, le Pays Basque est même en pointe sur ce sujet. La réglementation européenne ne cible aujourd’hui que certaines pollutions (micro-bactéries, phosphore, azote, carbone). Mais on compte en réalité près de 10 à 15 000 polluants dans l’eau. De nouveaux composés chimiques (issus de la cosmétique, des médicaments, des détergents, etc.) apparaissent tous les jours, ce qui rend leur identification et leur traitement complexe. A travers l’action du GIS (Groupement d’Intérêt Scientifique) Littoral Basque, l’Agglomération a participé à plusieurs projets de recherche. On peut citer notamment le programme « Micropolit » sur les micropolluants émergents ou encore l’étude sur les retardateurs de flamme, lancée récemment sur le bassin de la Nive. La Communauté Pays Basque lutte aussi contre les déchets flottants qui, lorsqu’ils se désagrègent, peuvent dégager des micropolluants. Elle assure, par exemple, le nettoyage des rochers et des parties de plages non accessibles aux engins mécaniques des municipalités et soutient le syndicat mixte Kosta Garbia qui collecte les déchets au large de nos côtes.
Et vous dans tout ça ?
Aujourd’hui, chacun peut s’engager pour la préservation de la qualité de l’eau et la défense des milieux naturels. Le geste le plus direct est de ne pas polluer soi-même. D’abord, un rappel utile (et qui devrait tomber sous le sens), nos éviers, nos toilettes, les bouches d’égoût, les rues ne sont pas des poubelles. Lorsque vous jetez négligemment un déchet par terre ou que vous le versez dans le réseau d’eau, il terminera forcément sa course à la mer. Autre geste important : baisser ses consommations d’eau courantes. Moins nous utilisons d’eau pour la douche, la vaisselle ou les toilettes et moins il y aura d’eaux sales à traiter. Soyez conscients aussi que les produits que vous utilisez pour le ménage ou l’hygiène corporelle sont souvent remplis de composés chimiques qui ne sont pas traités par les stations d’épuration. Plus vous utilisez de produits naturels et plus vous réduirez votre impact sur l’environnement.